Analyse du Cycle de Vie (ACV)
1. Présentation :
L’analyse de cycle de vie ou ACV est une approche permettant d’estimer l’impact environnemental d’un produit ou d’un service tout au long de son cycle de vie. C’est un outil intervenant dans une démarche d’éco-conception. Il existe actuellement deux normes en lien avec cette démarche:
- La norme ISO 14 040 : définit les principes et le cadre de l’ACV.
- La norme ISO 14044 : précise les exigences relatives à l’ACV et les lignes directrices pour sa réalisation.
2. Principes :
L’ACV s’articule autour de plusieurs principes et il est nécessaire d’intégrer l’ensemble des étapes de la vie d’un produit. On distingue généralement les phases suivantes :
Figure 1 : étapes de l’ACV
Ne pas oublier de prendre en compte toutes les étapes de transport qui ont lieu au cours du cycle de vie du produit.
- Un aspect environnemental :
Le principe de l’ACV est qu’il s’agit d’une approche environnementale. Cette approche s’intéresse donc aux impacts environnementaux d’un produit.
- Une unité fonctionnelle :
Il est nécessaire d’établir l’unité fonctionnelle qui servira pour l’ACV. Cette unité permettra de quantifier le service rendu par un produit. Exemple : utiliser un téléphone portable pendant 11 minutes par jour sur une durée de 2 ans.
Attention, il ne s’agit pas de résultats absolus et la comparaison de résultats de deux ACV ne peut se faire que sur la base d’une unité fonctionnelle identique.
- La transparence :
Elle est l’un des principes essentiels afin de garantir une bonne utilisation des données et une interprétation correcte des résultats.
- Une démarche rigoureuse :
La réalisation d’une ACV est prioritairement basée sur une approche scientifique prenant en compte le plus grand nombre d’aspects environnementaux possibles (impacts sur l’air, l’eau, le sol...). L’utilisation de données chiffrées est un point essentiel.
3. Les différentes phases de l’ACV :
Une analyse de cycle de vie se décompose en quatre phases :
1) La définition de l’objectif et du domaine d’application :
Il s’agit de la phase pendant laquelle sont définis notamment les objectifs, le périmètre d’action, l’unité fonctionnelle ou encore les destinataires de l’étude.
Phase 1 : questions précises, définition des objectifs, champs (produit existant ou nouveau ?), labellisation officiel…
Phase 2 : définition de la fonction du produit et de l’unité fonctionnelle (cahier des charges)
Phase 3 : Modifier les frontières du système, étude par phase par rapport au cycle de vie, une étude du berceau au produit (arrêt de l’étude à partir des portes de l’atelier) ou berceau à la tombe (pas de frontière).
2) La phase d’inventaire de cycle de vie :
C’est la phase la plus importante de la réalisation d’une ACV. Il s’agit de collecter toutes les informations relatives aux flux entrants et sortants de la vie du produit. Les flux entrants sont par exemple les matières premières utilisées, l’énergie consommée tandis que les flux sortants concernent principalement les émissions dans l’air, l’eau, le sol.
3) L’évaluation des impacts :
Une fois l’inventaire terminé, l’étape suivante consiste à évaluer l’importance de l’ensemble des impacts environnementaux choisis pour l’étude, associés aux flux répertoriés au cours de l’inventaire. L’évaluation de ces impacts peut notamment s’effectuer au travers de modèles de caractérisation.
4) L’interprétation des résultats :
Une fois l’évaluation des impacts réalisée, la dernière phase de l’ACV est l’interprétation des résultats. Cette interprétation vise à présenter les résultats en accord avec les objectifs de l’étude. L’analyse peut donner lieu à des recommandations concernant l’utilisation du produit ou des pistes de re-conception pour réduire les impacts environnementaux potentiels du produit.
Figure 2 : les différentes phases de l’ACV
Pour cette étape on pourra s’aider d’histogrammes et d’analyses de sensibilité avec la variation de paramètres pour observer l’influence et l’impact de chacun des facteurs.
4. Les résultats de l’ACV :
Il faut distinguer deux caractéristiques essentielles d’une analyse de cycle de vie.
Tout d’abord, une ACV ne permet d’évaluer que les impacts potentiels d’un produit ou d’un service sur l’environnement. Il ne s’agit en aucun cas des impacts réels générés par un produit ou un service.
Ensuite, l’ACV est une approche s’intéresse à plusieurs aspects environnementaux différents. Il n’est donc pas possible d’additionner les résultats de la phase d’évaluation des impacts au travers d’un score unique par exemple il n’est pas concevable d’additionner les impacts sur l’eau et les impacts sur l’air d’un produit.
5. Les exigences de l’ACV :
Parmi les exigences importantes pour la réalisation d’une analyse de cycle de vie, on peut citer l’exigence de qualité des données. Celle-ci doit être cohérente avec les objectifs de l’étude et les critères définis.
Une autre est également à noter qui est l’exigence d’une revue critique. La revue critique est un processus selon lequel les résultats d’une ACV sont analysés par une partie externe à l’étude mais également par les parties intéressées. La revue critique permet d’assurer la cohérence des résultats vis-à-vis des objectifs de l’étude mais aussi de leur apporter une crédibilité.
6. Les outils d’analyse du cycle de vie :
Il existe à l’heure actuelle un très grand nombre d’outils d’analyse de cycle de vie. Certains de ces logiciels comportent des bases de données permettant de réaliser l’inventaire de cycle de vie. Ces logiciels proposent également des méthodes d’évaluation pour classer et caractériser les impacts sur un certain nombre d’indicateurs.
Parmi ces logiciels on peut citer les suivants :
- Simapro – http://www.pre.nl/
- GaBi – www.gabi-software.com
- Umberto – http://www.umberto.de/en/
- EIME – http://www.codde.fr/
- SIEC – http://www.acv-siec.fr/siec/index.php
7. Les limites de l’ACV :
L’analyse du cycle de vie est donc une méthode globale permettant d’évaluer les impacts d’un produit sur l’environnement comprenant tout de même certaines limites.
Dans un premier temps, il ne s’agit que d’évaluer les impacts potentiels et non réels pour le produit ou le service étudié. Les résultats dépendent également du périmètre d’étude, de l’unité fonctionnelle, mais également de la qualité des données. Il est donc facilement mis en évidence le besoin de connaissances techniques mais également scientifiques afin de réaliser une telle analyse.
Une donnée importante concernant le produit en lui-même peut également être un facteur limitant. Lors du développement, l’ACV nécessite une analyse préliminaire avec les différentes contraintes et critères techniques. Une faible connaissance du produit ou un nombre de critère trop faible pourrait grandement influencer son impact futur.
Enfin, il ne faut pas oublier que l’ACV est basée sur l’évaluation des impacts environnementaux du produit. Les conclusions et ou recommandations peuvent donc entrer en opposition avec différents enjeux majeurs comme le critère économique ou social. Il faut donc prendre du recul une fois l’ACV réalisée pour être en accord avec l’ensemble des caractéristiques.
Sources :
- http://www.developpement-durable.gouv.fr/
- http://www.eco-conception.fr
- Cours de deuxième et troisième année universitaire filière HSE (IUT Lorient)
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